« Il peut créer la surprise sur cette élection » : qui est Philippe Dessertine, candidat à la mairie de Bordeaux ?

2 Déc. 2025 | France 3 Aquitaine

Philippe Dessertine, universitaire spécialisé en économie et en finance, a annoncé en septembre sa candidature à la mairie de Bordeaux en 2026. Candidat issu de la société civile, il table sur un rejet du clivage gauche-droite pour se démarquer, et réunir autour de son projet.

"Il peut créer la surprise sur cette élection" : qui est Philippe Dessertine, candidat à la mairie de Bordeaux ?

Il pourrait être la surprise des municipales 2026 à Bordeaux. Philippe Dessertine, universitaire spécialisé en économie et en finance, professeur à la Sorbonne et ancien membre du Haut conseil des finances publiques (2013-2018), a annoncé en septembre sa candidature à la mairie de Bordeaux. Il se présente sans étiquette, et veut s’affranchir des clivages gauche-droite pour rassembler autour de son projet.

Fin novembre, un sondage OpinionWay est venu confirmer le début de campagne pied au plancher de ce candidat issu de la société civile, le créditant de 11 à 14 % d’intentions de vote. Un score qui ne surprend pas Ludovic Renard, politologue à Sciences Po Bordeaux :
« Il y a un effet de curiosité [autour de Dessertine], qui s’explique par la dynamique actuelle de la campagne, mais aussi par sa personnalité médiatique. »

Un fort ancrage local

Philippe Dessertine est en effet intervenu plusieurs fois dans l’émission « C dans l’air », sur France 5, et possède également un ancrage local : il vit, a fait ses études et a commencé sa carrière universitaire à Bordeaux, alors que son épouse a été adjointe de l’ancien maire Alain Juppé pendant 12 ans, et élue au conseil départemental.
« C’est un notable bordelais, ce n’est pas un inconnu », résume le politologue.

De plus, l’homme de 62 ans
« est arrivé au bon moment, vu que la campagne électorale est atone », estime Ludovic Renard. Le maire écologiste sortant Pierre Hurmic n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature, le bloc de centre-droit se divise autour des candidats Thomas Cazenave et Nathalie Delattre, tandis que
« LFI et le RN capitalisent sur les combats nationaux ».
« On aime bien aussi les candidats sans étiquette, qui dépassent les clivages, c’est un peu son créneau », résume le politologue bordelais.

« Je crois que je divise la droite, la gauche, je divise tout le monde. Mon but est de rassembler autour d’un projet dans lequel se retrouvent tous les Bordelais. »
Philippe Dessertine
Candidat aux municipales 2026 à Bordeaux

Philippe Dessertine l’admet volontiers, le « classement politique » ne l’intéresse pas.
« C’est une idée de pragmatisme, de représenter des solutions réellement envisageables qui m’anime. Le projet, je pense, propose tellement d’intérêts en termes de changements immédiats et de vision à long terme qu’il va convaincre de façon large. »
Et plus ce projet et lui-même seront connus des Bordelais, plus « le mouvement de fond que nous sentons sur le terrain va devenir fort et puissant », veut croire le candidat.

Apolitique mais libéral

Ni de droite ni de gauche, est-ce vraiment tenable ?
« L’apolitisme, c’est un peu ce que revendiquent tous les maires aujourd’hui, il a raison de s’inscrire dans cette thématique-là », souligne Ludovic Renard, tout en notant que le projet de Dessertine, comme dessiné actuellement, « est véritablement un projet libéral ».
L’économiste veut notamment mettre l’accent sur l’attractivité de Bordeaux pour des investisseurs privés.
« Ce créneau plutôt libéral risque de poser problème à ses adversaires politiques, puisqu’il va vider [de leurs électeurs] une partie des gens qui sont sur le même créneau », pointe le politologue.

« Dessertine peut créer la surprise sur cette élection. Il peut réintroduire une vraie concurrence avec Hurmic, et peut orienter la campagne dans un sens tout à fait différent. »

Ludovic Renard

Politologue à Sciences Po Bordeaux

D’aucuns qualifient l’universitaire de faiseur de roi, ses voix pouvant compter notamment pour un candidat de centre-droit au second tour.
« Je ne rentre absolument pas dans cette perspective politique, ça ne m’intéresse pas », balaye Philippe Dessertine à propos d’un éventuel rapprochement.
« C’est le projet, rien que le projet. Je veux que les Bordelais s’y intéressent, et puissent se faire une opinion par rapport aux autres projets. »

Investir les réseaux sociaux

Pour intéresser les Bordelais à son projet, Philippe Dessertine n’hésite pas à investir le terrain des réseaux sociaux, à grands coups de
reels Instagram ou de TikToks, mettant en scène ses interactions au quotidien avec les habitants. Sa communication
« n’a pas l’air trop mal », concède Ludovic Renard, pour qui le
« discours d’universitaire » du candidat tranche avec les mots policés des habitués de la politique, comme Cazenave ou Delattre.
« Ils ont les bons codes, mais Dessertine a une autre approche des choses, il pense différemment. »

Un pas de côté qui pourrait permettre au candidat de la société civile de se démarquer auprès des électeurs, tout comme sa qualité d’économiste et d’expert en finance, dans un contexte politique où les questions de budget occupent une place primordiale. L’enjeu pour Philippe Dessertine est maintenant de confirmer cette dynamique, afin de s’affirmer peut-être comme un sérieux prétendant, les 15 et 22 mars prochains.