Transports, logement… Cinq candidats passent le « grand oral »

11 Oct. 2025 | Sud-Ouest

Philippe Dessertine (société civile)
Nouveau venu sur la scène politique locale, l’économiste Philippe Dessertine développe sa pensée en arborescence et promet de régénérer le débat.
Bordeaux à l’horizon 2030 ? « La ville attractive par excellence », « une marque incroyable », « l’endroit où il fait bon vivre pour toutes les générations ».
Interrogé sur la problématique des transports, il fustige les « vieilles recettes » et souligne la marge de progression sur les déplacements courts, et donc doux : « Nous sommes très loin des villes du nord de l’Europe. L’automobile, de plus en plus propre, ne peut être considérée comme un élément de transport qui sera éliminé. »
En matière de construction de logements, il y a encore des marges de manœuvre, notamment « aux abords du centre commercial Bordeaux Lac ». « Je veux plus d’habitants. Je veux que nous ayons la capacité de conserver nos jeunes à Bordeaux. »
Il n’en prédit pas moins un « hiver des finances publiques » qui implique des portages de projets avec le privé, à l’exemple d’une « foncière » immobilière, « avec des capitaux privés ».
Et de prévenir : « J’ai mon projet. J’irai jusqu’au bout, je le porte depuis des années. Je le porterai jusqu’au 15 mars. »

Dessertine veut « chercher l’argent dans le privé »
Fin du suspense : l’universitaire et homme de médias Philippe Dessertine a annoncé hier sa candidature à la mairie de Bordeaux pour les élections municipales de mars 2026. « Je ne suis pas dans le paysage politique, je ne suis pas un professionnel de la politique, mais cela correspond aux attentes des citoyens. Depuis plusieurs années, je me dis que je veux proposer quelque chose à cette ville. On est à un moment clé de l’histoire, la fin d’une époque, le début d’une autre, c’est ce que je veux porter, une approche optimiste », déclare-t-il.
Né à Rouen en 1963, Philippe Dessertine est issu d’une famille bordelaise, ville dans laquelle il a vécu depuis son adolescence, avant de suivre une carrière d’universitaire à Paris. Professeur à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, c’est un spécialiste des sciences de la gestion et de la finance. Se définissant comme « futurologue », il est un habitué des plateaux de télévision où il intervient comme expert, notamment dans « C dans l’air » (France 5), sur BFMTV, LCI ou encore LCP.

« Je ne suis d’aucun parti »
S’il se dit étranger à l’univers politique, il le côtoie néanmoins : son épouse Laurence Dessertine siège dans le groupe droite et centre au Conseil départemental de la Gironde, et elle a été l’adjointe d’Alain Juppé (2008-2020). Mais elle, c’est elle, et lui, c’est lui, a-t-il expliqué en substance à la presse hier : « Elle a été la personne la plus difficile à convaincre que je devais me lancer. »
Philippe Dessertine refuse de se laisser situer sur l’échiquier politique habituel. Il se définit comme candidat de la société civile, réfutant tout ancrage à droite : « Je ne suis contre personne, je vais voir les citoyens, mon échiquier ce sont les gens. Le mundillo politique ne m’intéresse pas, je ne suis d’aucun parti. Les professionnels de la politique sont dans une impasse, ce qui compte c’est le projet. »
Le sien, justement, quel est-il ? Pour l’instant, il n’est pas défini, « nous le ferons connaître petit à petit et nous le ferons avec les citoyens ». Ni de droite ni de gauche, affirme-t-il, mais tout de même d’orientation nettement libérale. Le manque de places dans les crèches ? C’est le privé qui le réglera. « Il faut faire appel au secteur privé. Il faut développer un maximum les crèches privées, et les contrôler strictement. » Idem pour le logement : « Il faut transférer sur le secteur privé, sous contrôle. »
Il répète aussi que « la France est biberonnée à l’argent public », propos que l’on rencontre rarement chez les tenants de la gauche. L’argent public se fait rare, « il faut aller le chercher dans le privé ».

La finance gouverne
Par ailleurs, Philippe Dessertine partage le discours sur « le repli, le déclin et l’immobilisme » de Bordeaux sous gestion écolo-socialiste, porté par l’opposition de droite et du centre. Ne lui en déplaise, puisqu’il ne se réclame d’aucune obédience, il faut quand même plutôt le classer du côté de ses idées, qui relèvent du libéralisme, plus répandues à droite et au centre. Donc dans cette famille de pensée qui compte déjà trois candidats : Nathalie Delattre, du Parti radical et ministre démissionnaire du Tourisme de François Bayrou ; le député Renaissance Thomas Cazenave, ex-ministre des Comptes publics de Bruno Le Maire ; et Pierre de Gaétan Njikam, un LR pur jus, ex-adjoint de Juppé.
Mais lui estime que, « dans les candidats actuels, aucun n’a les caractéristiques que je peux avoir, la vision ». Elle s’appuie sur un constat aussi sévère pour le maire actuel que pour l’État central : « Le ruissellement, cela ne marche pas. On m’a très souvent sollicité pour donner des conseils, je suis au cœur de l’appareil d’État, je vois ce qui ne marche pas. Ils n’arrivent pas à changer les choses. Le mouvement ne viendra pas d’en haut, mais de la base, des municipalités. Chaban et Juppé ont rendu cette ville incroyablement attractive, aujourd’hui l’immobilisme menace de nous faire reculer. » Il appelle un nouveau souffle.

Ni métro ni LGV
Selon lui, Bordeaux a besoin « d’une nouvelle prospérité ». Interrogé sur quelques dossiers précis, Philippe Dessertine fait dans l’orthodoxie libérale : la finance définit ce qui est possible. La ligne de LGV Bordeaux-Toulouse/Dax, « on est incapable de financer ça. Les discussions sont lunaires, ce n’est vraiment pas le cœur de l’avenir de Bordeaux. » Le métro, « on n’a pas les moyens ». Le club des Girondins ? « Je ne pense pas qu’il faille y mettre de l’argent public, il faut aller chercher des capitaux privés. »